Construire autrement en Afrique
Actualités
Accueil / Le programme / Actualités / Le droit à un habitat adapté pour la souveraineté alimentaire au Sahel

Le droit à un habitat adapté pour la souveraineté alimentaire au Sahel

En cette Journée internationale d’actions pour la souveraineté alimentaire, l’Association la Voûte Nubienne qui promeut cette technique constructive paysanne, se joint à La Via Campesina pour des droits paysans maintenant et appelle à une véritable prise de conscience internationale des enjeux essentiels liés aux questions de l’habitat pour le plus grand nombre.

Les conditions de logement d’une grande partie de la population du Sahel sont désastreuses. Les paysannes et paysans y sont particulièrement vulnérables aux tendances actuelles et prévues des changements climatiques, rendant d’autant plus urgente la nécessité de disposer de logements durables, confortables et abordables.

Les réalités démographiques et économiques, la disparition des ressources ligneuses naturelles utilisées dans les architectures traditionnelles et la croissance de l’urbanisation induisent une situation dans laquelle des millions de familles n’ont plus accès à un habitat décent. Malgré l’attrait culturel qu’elles peuvent présenter, les alternatives techniques « modernes », les matériaux importés qu’elles nécessitent et les économies dans lesquelles elles s’inscrivent ne permettent pas de proposer au plus grand nombre un habitat approprié et durable.

Le concept de la voûte nubienne s’inspire au contraire d’une architecture séculaire composée de toits en terre construits sans coffrage. Les constructions en voûte nubienne utilisent uniquement des matériaux disponibles localement pour les travaux de gros œuvre (pierres, terre et eau). Elles se fondent dans les architectures et les savoir-faire locaux et constituent la première solution abordable, durable et adaptée aux changements climatiques, tant pour le logement que pour la construction de bâtiments d’élevage ou de stockage agricole.

Moulin du groupement de femmes de Kissi

Depuis près de 20 ans l’Association la Voûte Nubienne a pris le parti innovant de développer un marché, vecteur de développement et de dissémination à grande échelle. Elle s’attache ainsi à faire émerger à la fois une offre (des paysans maçons qualifiés) et une demande (des populations sensibilisées) pour garantir la pérennité de son action et la diffusion du concept et des techniques de la voûte nubienne auprès du plus grand nombre.

L’approche de l’association est principalement axée sur la formation professionnelle de jeunes paysans qui acquièrent les compétences spécifiques de la voûte nubienne et participent à des activités de construction à forte intensité de main-d’œuvre pendant la saison sèche. La formation technique et entrepreneuriale leur permet d’acquérir un métier complémentaire, de créer et développer leur propre entreprise et de se positionner sur le marché local croissant du logement. L’argent économisé par la non-importation de matériaux coûteux et inappropriés est redistribué dans l’économie agricole locale par le biais de ces emplois nouvellement créés.

Cette méthodologie innovante est transférée par l’association à un réseau de partenaires de mise en œuvre locaux (organisations paysannes, groupements de femmes, etc.), qui l’assimilent et la développent sur leurs propres territoires au Bénin, au Burkina Faso, au Ghana, au Mali et au Sénégal (en savoir plus ici).

L’habitat est un des leviers majeurs de l’établissement et du respect des droits pour les paysannes et les paysans. Par le renforcement des économies agricoles, l’employabilité des jeunes ruraux, l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques… la transformation concrète de la situation du secteur de l’habitat contribuera à une réelle souveraineté alimentaire des populations du Sahel.

Ce 16 octobre, l’Association la Voûte Nubienne appelle ainsi l’ensemble des acteurs de développement en Afrique sahélienne à se saisir de l’enjeu crucial de l’habitat adapté comme réponse aux besoins élémentaires des populations rurales. Les opérateurs de développement, les entreprises, les agences de coopération, les collectivités et les États doivent placer l’habitat au cœur des enjeux économiques, environnementaux, climatiques et de bien-être !